samedi 19 mai 2012

Moins que zéro - Bret Easton Ellis




Mon quatrième livre de Bret Easton Ellis, pourtant c'est le premier livre qu'il a écrit. Il m'a permis de mieux le comprendre je crois et mieux le connaître, en tout cas c'est le sentiment que j'ai eu, comme si c'était la pièce du puzzle qui me manquait pour mieux cerner Bret.

Ce livre est une forme de journal intime d'un adolescent de 18 ans qui raconte pratiquement jour pour jour son mois de vacances chez lui à Los Angeles avant de retourner à l'Université. ça se passe à la fin des années 1980 dans un environnement de fils et filles à papa, pétés de thunes, dans un univers de drogues dures, d'alcool, de sexe, de party dès que le soleil se couche, d'avortements à tout va, de porno et de violences en tout genre. Oui, c'est crade.

Je me suis vraiment retrouvée dans la tête d'un jeune de 18 ans, qui plane tellement tout le temps que tout l'ennuie. Un environnement bourgeois, avec des voyages en première classe et tout le monde se bourre la gueule, que ce soit les parents ou leurs enfants. Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, d'ailleurs nous le constatons par la suite, si tous ces jeunes sont aussi endommagés c'est bien à cause de leurs parents, ou plus précisément de leur absence totale.

Dans Moins que zéro, on retrouve les descriptions interminables de Bret du monde matériel de l'adolescent, ses vetements de marque, son insouciance et son côté je m'en foutiste. Comme quoi même à partir d'une existence vide, on peut créer un chef d'oeuvre ! Parce que ce livre même s'il m'énerve n'en reste pas moins excellent. De toute façon c'est le quatrième livre que je lis de lui et c'est toujours la même chose, je déteste et j'adore en même temps, et à la fin du livre je ne sais jamais quelle note lui donner 4/20 ou 18/20 ?? Peut-être parce que ses livres crient des vérités mais des vérités trop moches et que contrairement aux autres écrivains il n'essaie pas d'y remédier, il n'y a pas de héros ni de message d'espoir. Dans ce monde c'est trop la merde, just deal with it ! Voici le message de Bret Easton Ellis dans ses livres pour moi.

J'aime bien aussi toute la bonne musique qui nous accompagne dans ses livres comme Elvis Costello, ou encore New Kid in Town des Eagles. 

Ce livre tout comme les autres met l'accent sur le monde matériel de cet environnement luxueux, tous les jeunes de 18 ans ont un bronzage aux UV (notons que ce sont les années 80 quand même), c'est aussi l'univers hollywoodien plein de mannequins, de gays et de clichés... C'est aussi un monde où la moitié de ton entourage a eu une overdose.

Ce livre qui ressemble à un journal intime est surtout un condensé de séquences plutôt courtes, vu que l'auteur est souvent high il ne se souvient que de quelques instants de sa journée et les retranscrit ici, ce qui nous donne des scènes courtes avec des chutes extra ! J'attendais à chaque fois la fin d'une partie pour admirer la chute, et comme chaque scène ne fait pas plus que quelques paragraphes, je me suis régalée !

Il y a plein de passages très parlants et franchement magnifiques, comme celui où on apprend que l'auteur est tellement sous l'effet des drogues quasi tout le temps qu'il n'est pas sûr de l'âge de sa soeur, mais ce n'est pas tout, c'est surtout lorsqu'il n'hésite pas à dire devant sa mère que ses soeurs qui ont 13 et 15 ans lui ont piqué un quart de gramme de son héroïne et celles-ci n'hésitent pas à leur tour à lui répondre qu'elles n'ont pas besoin de le voler puisqu'elles sont capables de se trouver leur propre dealer, et la mère qui continue de conduire et qui plane probablement deux fois plus que ses enfants.

Sincèrement, je plains Bret s'il a dû vivre dans ces conditions, parce que je commence à penser qu'à force de nous raconter cette histoire en boucle dans tous ses livres c'est qu'elle lui colle à la peau. Et je commence à voir dans ses livres une sorte de colère et je comprends beaucoup mieux ses réactions maintenant. Surtout que ce livre est celui où l'auteur est le plus sain d'esprit, c'est son premier livre, c'est un livre raconté par un adolescent de 18 ans qui essaie encore de s'accrocher au dernier fil auquel tient sa raison pour ne pas craquer, c'est le seul livre où on sent que l'auteur sait que tout ceci n'est pas bon, qu'il est entrain de couler et qu'il doit s'en sortir, et surtout qu'il veut s'en sortir, mais malheureusement personne n'est là pour lui tendre la main, au contraire c'est de pire en pire, à tel point qu'à la fin il devient attiré par ce pire justement et va à sa rencontre, il commence à assister à des scènes de viols, à des scènes de maltraitance de cadavres, à des animaux qui agonisent, à une enfant de 12 ans qui se fait droguer et violer par ses potes... et dans ce livre on sent sa détresse. Et puis on comprend mieux ces livres qui vont suivre, Les lois de l'attractionAmerican psycho et Lunar Park. Des livres plein de scènes obscènes, de paranoïa... ce n'est qu'une suite logique à une telle adolescence.

C'est au bout du compte un récit touchant que Moins que zéro.

2 commentaires:

Alanysfolle a dit…

J'ai fini il y a peu American Psycho qui est le premier (et l'unique) lu de lui. Et comme toi, j'ai aimé autant que détesté, ne sachant non plus combien j'aurai à le noter. Parce que même si j'ai détesté toute la violence qu'il recèle, il était prenant. Vraiment. Du coup j'irai sûrement jeté un oeil sur d'autres, mais peut être pas celui là qui à l'air vraiment proche d'American Psycho.
En connais tu un qui soit peut être moins porté sur la violence, la tune et le sexe? (superbe critique au passage ;))

Hajar a dit…

J'ai trouvé que Moins que Zéro et Les lois de l'attraction se ressemblaient beaucoup, ça aurait pu être un tome 1 et 2, ou carrément un seul livre. Lunar Park est le plus différent des 4 que j'ai lu, quoi que pas tellement... Parce que dans tous ses livres le cadre change, mais le contenu reste le même, c'est toujours un personnage paranoïaque, victime de drogues, qui pense au sexe et à la violence... Je pense que ces éléments là existent dans tous ses livres et sont toujours les mêmes aussi, c'est pour ça que j'ai décidé qu'après 4 livres, c'est bon. Je ne lirai peut-être plus de Bret.

Dans Lunar Park Bret nous parle d'American Psycho et nous explique pourquoi il l'a écrit de cette manière, il nous fait découvrir un peu les coulisses, j'avais adoré ça !

Des 4 que j'ai lus, celui qui est un peu différent et très décalé aussi, c'est Lunar Park.

(merci ! :))

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