J'avais acheté ce livre quand j'étais au lycée je pense, je l'avais abandonné parce qu'un homme qui se réveille transformé en cafard et que ça ne surprenne personne plus que ça, ça me dépassait largement ! J'étais encore loin d'élucider l'absurde dans une oeuvre comme celle-ci sans aucune aide extérieure.
Il y a quelques mois je lisais Le mythe de Sisyphe de Camus et dans son appendice, il avait si bien analysé les oeuvres de Kafka que je me suis promis d'y retourner maintenant que j'étais plus mûre.
Mon impression sur "La Métamorphose" :
Je l'ai lu sans grand enthousiasme, j'avais hâte qu'on en finisse et je n'arrivais pas à vraiment voir ce qu'il y avait de philosophique et de profond dans ces quelques pages... Je crois que je ne ressens pas de plaisir à lire des styles qui ne sont pas très poétiques... Moi qui croyais détester la poésie, je m'étonne !
C'est un homme qui s'est réveillé transformé en cafard, OK. Sa famille a peur de lui au début, puis elle a honte de lui, puis elle le rejette et enfin elle cherche à s'en débarrasser. A ce moment-la, on dit qu'il est retrouvé mort, on ne sait pas si c'est vrai, on ne le saura jamais. La femme de ménage dit qu'elle s'est débarrassée du cadavre, mais ça aussi on ne saura jamais si c'est vrai. Sa famille après avoir fait un deuil express (quelques instants), elle décide de repartir d'un nouveau départ et réalise que leur vie sera tellement meilleure maintenant qu'il n'existe plus ! Ils commencent à faire des projets de leur nouvelle existence... Fin.
Sincèrement, ça n'a pas éveillé en moi une méditation ou un profond sens de l'analyse, je ne vais donc pas essayer de m'y mettre maintenant. Par contre dans l'appendice du livre de Camus "Le mythe de Sisyphe", il y a une excellente analyse du livre, et je prendrai un réel plaisir à la partager avec vous ! Je ne sais pas vous, mais moi j'adore comprendre, tout comprendre, et qu'on m'explique ! Alors quand en plus Camus me fait découvrir l'insoupçonnable dans cette oeuvre, je savoure !
L'analyse de l'oeuvre par A. Camus :
"Tout l'art de Kafka est d'obliger le lecteur à relire. Ses dénouements, ou ses absences de dénouement, suggèrent des explications, mais qui ne sont pas révélées en clair et qui exigent, pour apparaître fondées, que l'histoire soit relue sous un nouvel angle. Quelquefois, il y a une double possibilité d'interprétation, d'où apparaît la nécessité de deux lectures. C'est ce que cherchait l'auteur. Mais on aurait tort de vouloir tout interpréter dans le détail chez Kafka. Un symbole est toujours dans le général et, si précise que soit sa traduction, un artiste ne peut y restituer que le mouvement : il n'y a pas de mot à mot. Au reste, rien n'est plus difficile à entendre qu'une oeuvre symbolique. Un symbole dépasse toujours celui qui en use et lui fait dire en réalité plus qu'il n'a conscience d'exprimer. A cet égard, le plus sûr moyen de s'en saisir, c'est de ne pas le provoquer, d'entamer l'oeuvre avec un esprit non concerté et de ne pas chercher ses courants secrets. Pour Kafka, en particulier, il est honnête de consentir à son jeu, d'aborder le drame par l'apparence et le roman par la forme.
A première vue, et pour un lecteur détaché, ce sont des aventures inquiétantes qui enlèvent des personnages tremblants et entêtés à la poursuite de problèmes qu'ils ne formulent jamais.
[...] La Métamorphose, à son tour, figure certainement l'horrible imagerie d'une éthique de la lucidité. Mais c'est aussi le produit de cet incalculable étonnement qu'éprouve l'homme à sentir la bête qu'il devint sans effort. C'est dans cette ambiguïté fondamentale que réside le secret de Kafka. Ces perpétuels balancements entre le naturel et l'extraordinaire, l'individu et l'universel, le tragique et le quotidien, l'absurde et le logique se retrouvent à travers toute son oeuvre et lui donnent à la fois sa résonance et sa signification. Ce sont ces paradoxes qu'il faut énumérer, ces contradictions qu'il faut renforcer, pour comprendre l'oeuvre absurde.
[...] Ce qu'il faut retenir en tout cas, c'est cette complicité secrète qui, au tragique, unit le logique et le quotidien. Voilà pourquoi Samsa, le héros de La Métamorphose, est un voyageur de commerce. Voilà pourquoi la seule chose qui l'ennuie dans la singulière aventure qui fait de lui une vermine, c'est que son parton sera mécontent de son absence. Des pattes et des antennes lui poussent, son échine s'arque, des points blancs parsèment son ventre et - je ne dirai pas que cela ne l'étonne pas, l'effet serait manqué - mais cela lui cause un "léger ennui". Tout l'art de Kafka est dans cette nuance."J'espère que son analyse vous aura éclairée, pour ma part, j'ai adoré !
2 commentaires:
Cette année en français, on avait bien sûr des livres à lire, mais pour s'assurer que l'on l'avait bien fait, le professeur nous faisait faire deux choses:
1/ Répondre à un QCM (simple quand on l'a lu) sur le livre
2/ Répondre à une question ouverte, qui est bien souvent une analyse du livre.
J'avais eu une assez bonne note avec celui-ci :)
J'adore ce genre d'exercices ! :)
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