"Schopenhauer, qui n'aimait pas les hommes, et professait que la vie était un jeu n'en valant pas la chandelle, a été un observateur passionné du monde sensible, de ses créatures naturelles et des chefs d'oeuvre dont le génie humain l'a orné. On trouvera chez lui des pages magnifiques sur la beauté de la nature, des oeuvres d'art, et sur la lumière dont il dit qu'elle est la plus belle des choses de ce monde. Et bien sûr, sur la musique, à qui il confère une dignité insigne, en en faisant, contre la hiérarchie instaurée par Hegel ou Schelling, le sommet de la pyramide des arts ; mieux encore : l'expression de la quintessence du monde. Ainsi, plus clairement que les phénomènes communs, la musique (entendons : la musique classique) suffit à exprimer l'ordre du monde, depuis les profondeurs obscures et lourdes de la matière, jusqu'aux plus légères oscillations de l'âme humaine. Schopenhauer, homme des défiances continuelles, confinant parfois au délire de persécution, eut cette sagesse ou naïveté fondamentale de croire que la contemplation du monde sensible pouvait lui fournir la clé de son énigme."
Préface de Vincent Stanek pour "Le monde comme volonté et représentation I" d'Arthur Schopenhauer
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