vendredi 4 juillet 2014

L'invention de la solitude - Paul Auster


Mon premier Paul Auster et j'espère pas le dernier. A la mort de son père, l'auteur ressent le besoin d'écrire alors il écrit, et c'est ainsi que ça commence...
Un jour il y a la vie. Voici un homme en parfaite santé, pas vieux, jamais malade. Tout va pour lui comme il en fut toujours, comme il en ira toujours. Il vit au quotidien, s’occupe de ses affaires et ne rêve qu’aux réalités qui se présentent à lui. Et puis, d’un seul coup, la mort. Notre homme laisse échapper un petit soupir, s’affaisse dans son fauteuil, et c’est la mort. Si soudaine qu’il n’y a pas de place pour la réflexion, aucune possibilité pour l’intelligence de se trouver un mot de consolation. Il ne nous reste que la mort, l’irréductible évidence que nous sommes mortels. On peut l’accepter avec résignation au terme d’une longue maladie. On peut même attribuer au destin un décès accidentel. Mais qu’un homme meurt sans cause apparente, qu’un homme meurt simplement parce qu’il est un homme, nous voilà si près de l’invisible frontière entre la vie et la mort que nous ne savons plus de quel côté nous nous trouvons. La vie devient la mort, et semble en avoir fait partie depuis le début. La mort sans préavis. Autant dire : la vie s’arrête. Et cela peut arriver n’importe quand.
Sublime. Il annonce le ton dans un style fluide, ça dégouline de spontanéité et de vérité. Un de ces coups de coeur qu'on repère dès les premières lignes, pas vrai ? Alors Paul Auster nous parle de son père, de la mort de son père puis de la vie de celui-ci, sa mort dans sa vie, puis sa vie dans sa mort. Son père était un personnage froid, énigmatique, silencieux, très travailleur, qui voulait être riche et qui a réussi à le devenir. Il voulait être riche pour ne jamais être pauvre, alors son argent il ne le dépensait jamais, il le cultivait et le fructifiait parce qu'on ne sait jamais. Auster nous parle de sa relation avec son père, ou de l'absence de celle-ci. Et soudain il décide de s'arrêter, de couper le livre en deux parce qu'il a envie de procéder autrement alors il nous écrit Le livre de la mémoire

Dans la seconde partie du récit, l'auteur se met en retrait, il oublie le "je" et parle de lui-même à la troisième personne, il devient A. c'est dorénavant le nom de son personnage. Il prend du recul, observe, se détache et se libère pour mieux raconter. Il remonte dans le passé, raconte l'enfance de son père, sa relation avec son père et sa mère, surtout sa mère. Il comprend enfin. 

Mais ce qui fait la force de ce livre c'est que Paul Auster ne se fixe pas de limites, pas de règles, il écrit et laisse libre court à toutes ses réflexions sur la vie, l'existence, la mort, le hasard, la paternité, l'Amour, la solitude universelle... L'invention de la solitude, c'est ce moment où l'on décide que la vie n'a pas de sens et que le mieux que nous puissions faire c'est juste être... pleinement. C'est aussi ce moment où nous voyons les choses autrement, c'est le moment où l'on se dit que tout n'arrive pas pour une raison, que c'est arrivé, c'est tout, et qu'il ne faut pas chercher plus loin. Une solitude qui ne cesse de se réinventer inlassablement, à chaque instant.

J'ai adoré ce livre, un coup de coeur évident et prévisible. J'ai hâte d'en lire d'autres.

3 commentaires:

Unknown a dit…

très belle chronique! qui donne trè envie aussi ;)
Merci!

Les lectures d'Hélène a dit…

J'ai craqué, je viens de me le commander... je n'ai pas pu résister à ta chronique et à ta vidéo !!

Hajar a dit…

Oh j'espère que tu vas beaucoup l'aimer !

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